Discours du Grand Maître Guillaume TRICHARD
en hommage à Samuel PATY
Monsieur le Vice-Président du Sénat,
Dignitaires des obédiences amies,
Ma Très Chère Sœur Catherine, Grande Maîtresse de la Grande Loge Féminine de France,
Mesdames, Messieurs les Présidents des associations amies du Collectif Laïque National,
Mes Très Chers Frères et ma Très Chère Sœur Conseillers de l’Ordre du Grand Orient de France,
Mes Très Chers Frères, mes Très Chères Sœurs,
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Au nom du Grand Orient de France, je vous remercie d’être venus nombreux pour rendre hommage à Samuel Paty, et à travers lui, marquer votre attachement indéfectible à la République indivisible, laïque, démocratique et sociale.
Le discours d’hommage au Professeur Samuel Paty que je devais prononcer s’inscrit dans un contexte international étouffant. Il s’inscrit désormais aussi dans un contexte national d’urgence attentat, d’un djihadisme d’atmosphère si bien décrit par Gilles Kepel.
Comment aujourd’hui rendre hommage au héros Samuel Paty, sans rendre hommage au héros Dominique Bernard, professeur de lettres au lycée Gambetta d’Arras assassiné alors qu’il protégeait ses élèves ?
Comment aujourd’hui ne pourrions-nous pas aussi nous souvenir de Jonathan Sandler, professeur de 30 ans, assassinés, avec trois de ses écoliers, par Mohammed Merah dans l’école juive Otzar Hatorah de Toulouse il y a un peu plus de 10 ans !
Ces trois professeurs ont perdu la vie parce qu’ils incarnaient tout ce que détestent les disciples de l’idéologie totalitaire qu’est l’islamisme : l’émancipation.
Dans des circonstances différentes de l’assassinat de Samuel Paty mais au nom de motivations idéologiques semblables, celles de l’islamisme, Dominique Bernard, qui s’est sacrifié pour protéger la vie de ses élèves, a été pris pour cible parce qu’il incarnait le meilleur de la France, sa part la plus noble, la plus lumineuse.
Deux hommes, deux serviteurs de la République, à trois ans de distance, ont été assassinés car ils faisaient leur métier, l’un des plus nobles qui soit, participer à l’éducation des futurs citoyens en leur transmettant les principes existentiels de notre République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Parce que nos professeurs sont ceux qui conduisent nos enfants sur le chemin de leur propre émancipation, ils sont la cible de ceux qui veulent installer durablement dans nos pays l’obscurantisme le plus rétrograde.
En attaquant des écoles, c’est à chaque fois la République qui est attaquée, pas seulement son système politique, mais bien les principes qui la fondent : la liberté, l’égalité, la fraternité, la laïcité.
Ces tragédies nationales s’inscrivent dans une offensive large contre notre modèle démocratique.
Si nous voulons traiter les racines du mal et pas seulement ses symptômes, nous devons nommer le mal, identifier nos ennemis, comprendre leur organisation.
Aujourd’hui, rassemblés et unis au square Samuel Paty, arrêtons de prendre des précautions d’usage ou de protection pour nommer les maux.
Dominique Bernard, Samuel Paty, Jonathan Sandler ont été lâchement assassinés par des islamistes. Des islamistes. Des islamistes.
Parfois j’entends parler d’islamisme radical, d’islamisme politique, d’islamisme intégriste.
Mais, mes très chers frères, mes très chères sœurs, chers amis, l’islamisme est radical, l’islamisme est intégriste, l’islamisme est politique, et il est puissamment structuré. Son but est clair : annihiler notre mode de vie, se répandre partout, faire chuter notre République et plus largement toutes les démocraties qui sont un frein à son expansion. Et s’il ne le fait pas lui-même, il tente de provoquer par la terreur, de la haine et de la vengeance dans les cœurs, pour faire en sorte que les fossoyeurs de l’extrême-droite porteurs de racisme et de xénophobie s’en chargent à leur place…
C’est pourquoi les humanistes sincères doivent utiliser les bons mots pour désigner les maux, et doivent comprendre l’organisation puissante qui structure et finance ce djihadisme au plan international.
Oui, le Hamas est une organisation terroriste, tout comme son organisation sœur le Hezbollah, des organisations « formées » et financées notamment par l’Iran. Oui, le corps des gardiens de la révolution islamique iranienne est une organisation terroriste, la société des Frères Musulmans est une organisation terroriste. Oui les mollahs d’Iran et les talibans d’Afghanistan sont des tyrans sanguinaires coupables de crimes contre l’humanité ! Et vouloir négocier avec eux est plus que de la complaisance, c’est de la collaboration !
Tous ces islamistes ont un point commun : ils n’aiment pas la liberté, ils n’aiment pas l’égalité, ils n’aiment pas la fraternité.
Ils veulent l’affrontement, la guerre civile et le sang, puis le chaos.
Alors, devant les visages des martyrs de la République, l’heure n’est plus à la complainte. Nous n’avons plus de larmes tellement nous avons pleuré nos morts !
L’heure n’est pas à la vengeance ni à la haine, car c’est l’humanisme qui nous anime.
L’heure est au combat. Aux combats d’idées bien sûr. Car oui c’est un combat civilisationnel qui s’est engagé. La civilisation des lumières contre celle de l’obscurantisme. Celle des libertés au premier rang desquels la liberté de conscience contre celle des interdits.
Nous ne sommes pas abattus, nous sommes déterminés à nous battre, car ce combat nous devons le gagner.
Nous devons le gagner pour ceux qui nous ont légué cette République que nous chérissons, qui se sont battus pour que nous soyons libres.
Nous devons le gagner pour nos enfants, car nous ne nous résignons pas à imaginer qu’ils puissent devenir un jour asservis à des tyrans, asservis au mal.
Mais pour gagner ce combat, nous devons être unis, rejeter le venin de la division. C’est tout le sens du collectif laïque national auquel le Grand Orient de France appartient.
Car la Laïcité, il nous faut plus que jamais la défendre, à commencer dans « cet asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas », comme l’écrivait Jean Zay, en parlant de ce que doit être l’institution scolaire, et dont les pères fondateurs de la IIIe République avaient fait la matrice des libertés du citoyen : liberté de penser, liberté de créer, liberté de critiquer.
Les Francs-Maçons du Grand Orient de France, fidèles à l’Histoire de leur obédience, seront au rendez-vous de ce combat, partout en France et hors de France. Car le combat que nous devons mener, si nous voulons le gagner, doit atteindre les racines du Mal, en dehors de l’hexagone. Les racines du Mal sont en Iran, en Afghanistan, et partout où les réseaux se structurent et se financent.
Aujourd’hui, dans ce square Samuel Paty, faisons le serment que nous ne laisserons plus rien passer, que nous ne laisserons rien ni personne nous diviser, que nous n’aurons de répit que lorsque nous aurons renvoyé cette idéologie totalitaire qu’est l’islamisme aux livres de notre triste histoire, que nous mettrons tout en œuvre afin de pouvoir demain regarder les visages de Samuel Paty, Dominique Bernard, Jonathan Sandler, Masha Amini avec le sentiment d’avoir été à la hauteur de leurs souffrances, de leurs sacrifices, de leurs morts.
Salut aux enseignants qui font de nos enfants des Républicains !
Salut à vous, mes très chers frères mes très chers sœurs !
Salut à vous, combattants laïques !
Vive la République indivisible, laïque, démocratique et sociale !
Paris, Square Samuel Paty,
Le 16 octobre 2023,
Guillaume TRICHARD
Grand Maître du Grand Orient de France