Paris, le 16 septembre 2024
Elle était kurde, Iranienne, elle avait tout juste 22 ans, l’âge de toutes les promesses et de toutes les espérances. Il y a deux ans exactement, elle est morte, assassinée par la dictature des Mollahs, tout simplement parce qu’elle voulait être libre, refusait de céder à un régime barbare qui dénie aux femmes leur droit imprescriptible à être elles-mêmes, à appartenir pleinement à la même humanité que les hommes, à être leurs égaux. Elle a perdu la vie, oui, tout simplement parce qu’elle refusait de se soumettre, et de renoncer à l’exigence de l’émancipation, parce qu’elle se tenait debout face à la violence et à l’intimidation.
Refusant aussi de se voiler comme des millions d’Iraniennes, Mahsa Amini a dit « non », elle a incarné pour tant de compatriotes la résistance à l’arbitraire d’une dictature inhumaine et obscurantiste, emblématisant jusqu’à ce jour le souffle qui, depuis son martyr en 2022, n’a cessé d’ébranler le pouvoir théocratique de Téhéran, sans pour autant parvenir à le désarmer.
Toutes les organisations des droits de l’homme en conviennent : si la contestation ne s’est pas infléchie dans ce grand pays chiite, la répression y persiste et s’y intensifie à proportion que la mollahcratie est remise en cause par des pans croissants de la société civile. Le soulèvement dont Mahsa Amini fut l’étincelle a hélas coûté la vie à des centaines de manifestants, et, selon l’Onu, plus de 22 000 personnes ont été jetées dans les geôles iraniennes dans des conditions d’une rare brutalité.
Le mouvement « Femme, Vie, Liberté » s’est enraciné mais, parallèlement, les autorités ont durci les politiques répressives, sanctionnant toujours plus les hommes et les femmes libres, au mépris des droits humains les plus élémentaires. Pour autant, l’aspiration à la Liberté est plus forte que jamais. Le Grand Orient de France, conformément à ses engagements universalistes, à sa vocation d’être partout où les idéaux de fraternité et d’humanisme sont bafoués, à se tenir aux cotés de celles et ceux qui, en Iran et dans tant d’autres contrées, conduisent leurs luttes au nom des idéaux des Lumières, du libre-arbitre, de la raison combattante contre les forces régressives et contre les ténèbres de l’ignorance.
Avec détermination et constance, la principale obédience maçonnique française, qui a multiplié les contacts et les échanges avec les acteurs de la désobéissance civile iranienne, continuera à porter et à soutenir la voix de ces derniers, à les entourer de sa sollicitude, en pleine solidarité, fraternité et conscience, jusqu’à ce que ce grand peuple, qui attend tant de ses femmes-courage, se libère du carcan du fanatisme et de l’intolérance.
C’est ce combat que nous devons mener dans toutes nos loges, mais aussi au cœur de la cité, pour que le sacrifice de Mahsa Amini ouvre une nouvelle ère au peuple iranien et plus largement aux innombrables femmes et hommes encore en butte à l’oppression de par le monde.
En menant cette bataille, ne nous y trompons pas : le Grand Orient de France ne sert pas seulement la cause si noble des Iraniens et des Iraniennes ; il contribue à renforcer les positions aujourd’hui menacées des républiques démocratiques dans une mêlée internationale très incertaine et âpre, où les tyrannies liberticides et totalitaires voudraient, parfois en sourdine, imposer leur tempo et leur agenda ; il se soucie donc du destin de la liberté et de l’humanisme dans le monde.
Nicolas PENIN
Grand Maître du Grand Orient de France
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