Lyon, le 29 juin 2025
Que Samuel Paty et Dominique Bernard, lâchement assassinés par des terroristes, soient honorés aujourd’hui à Lyon, capitale de la Résistance face au nazisme, est hautement symbolique.
Le Grand Orient de France associe ces deux professeurs à son combat pour la cause républicaine et humaniste. Le courage de ces deux professeurs nous oblige tous. Pour nous, francs-maçons, l’École républicaine doit se tenir à l’écart de toutes les pressions religieuses et politiques ; c’est une des leçons de la tradition républicaine depuis Condorcet, Jules Ferry, Ferdinand Buisson, Jean Jaurès ou encore Jean Zay. Nous sommes avec eux dans leur combat inlassable pour les Lumières, la Révolution de 1789 et la République sociale.
La mission de transmission des savoirs et de la culture laïque était au cœur des métiers de Samuel Paty et de Dominique Bernard. Rappelons que c’est dans l’exercice de leur métier que ces deux professeurs furent assassinés. Ils avaient tous les deux chevillée au cœur la défense de l’idéal laïque grâce auquel, par le développement de l’esprit critique, chacun devient capable de juger du bien-fondé de ses convictions.
C’est aussi la défense de ce principe de laïcité que nous célébrons aujourd’hui à Lyon.
Avec d’autres professeurs blessés, contestés, intimidés, ils ont su retenir l’avertissement d’un Condorcet, que nous citons : « Même sous la constitution la plus libre, un peuple ignorant est esclave ». Pour nous, militants laïques, républicains et humanistes, l’ignorance est le premier ennemi.
Respectivement professeurs d’Histoire-Géographie et de Lettres, Samuel Paty et Dominique Bernard étaient au cœur de la transmission des savoirs et de la culture laïque universelle, condition de la formation de l’esprit critique et civique qui doit accompagner notre amour des lois. La recherche a établi récemment le lien entre le recul de l’esprit critique et l’essor de l’entrisme intégriste dans l’institution scolaire et universitaire.
C’est bien l’ambition de l’engagement maçonnique que de participer à l’émancipation des hommes et des femmes, à la construction d’un chemin de Lumière, dans des heures où l’obscurité et la violence se ravivent. La science, la raison, la culture et les arts sont nos alliés. La fraternité est notre levier. Et la construction d’une République sociale est indispensable au progrès de l’Humanité qui doit conserver ses esprits libres et résistants aux oppressions lentes et sourdes.
Que le courage de nos deux Nouveaux Résistants soit ce parangon !
Que leur sacrifice, rappelé par cette plaque, ne soit pas vain !
Que leur exemple nous inspire, notamment dans la célébration de la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905. Cette loi fut largement préparée par les lois Ferry et Goblet consacrées à l’École laïque.
Que cette célébration des 120 ans de la loi de 1905 soit l’occasion de promouvoir l’émancipation par le principe de laïcité, par les savoirs et la culture, mais aussi par la promotion d’une société solidaire à la fois soucieuse de l’ordre publique et du progrès social.
Que le sacrifice de ces deux professeurs nous aide à ressourcer notre volonté de donner à tous nos jeunes les mots justes et les savoirs émancipateurs qui peuvent les préserver des nouvelles ruses de la servitude.
Vive le combat de Samuel Paty et de Dominique Bernard, nous ne les oublierons jamais.
Leur combat pour l’École et pour une République laïque, démocratique, sociale et fraternelle est le nôtre.
Nicolas PENIN
Grand Maître du Grand Orient de France