Quelle morale laïque pour quelle République ?
Réunion publique organisée à Paris par le Grand Orient de France Mardi 29 mai 2012 (Hôtel du GODF – 16, rue Cadet – Paris IX)
Propos introductif par Roger CORDIER, Président de la C.N.P.L. (Commission Nationale permanente de la Laïcité). Partant de la définition que nous donnons à la laïcité, c’est-à-dire simplement « le droit de chacun d’être différent de l’autre » (Catherine KINZLER), ou aussi simplement « la coexistence pacifique et rationnelle des libertés » (Charles COUTEL), ou encore un anticléricalisme sans attaque de la religion mais bien une opposition à tout processus dogmatique de mainmise sur notre libre arbitre, sur notre liberté de penser, sur notre liberté de conscience, comment l’idéal laïque se définit-il dans la République d’aujourd’hui ?
Nous souhaitons tous (enfin presque, certains l’ont dit, d’autres veulent la faire) une République irréprochable, digne, accompagnatrice de tous ses enfants. La difficulté pour atteindre ce but ou y tendre, est de mettre en place une éthique humaniste, à perfectionner sans cesse, pour que l’Histoire ne nous révèle pas chaque jour nos échecs.
Echecs dus à l’ignorance ou au mépris de l’altérité. Par exemple, on peut être un citoyen laïque tout en appartenant à une communauté, sans que les coutumes ou les rites de cette communauté n’interfèrent sur la liberté de l’autre. Au contraire des communautarismes. Est-ce une morale laïque de « comportement » ?
Être laïque aujourd’hui, c’est aussi savoir résister à la pensée unique qui a souvent pour complices l’électoralisme ou le populisme. Ne faut-il pas aller au-delà de la résistance à cette pensée unique pour fonder une « morale laïque humaniste » ?
Ne faut-il pas, dans le monde actuel, dans la République que nous appelons de nos vœux, faire preuve de responsabilité et agir avec le respect de l’autre dans un mouvement volontaire vers autrui ? La morale laïque, n’est-elle pas aussi, simplement, aujourd’hui, savoir faire la différence entre les problèmes sociaux, économiques et culturels et les pratiques religieuses, quelles qu’elles soient ? La morale laïque, n’est-ce pas savoir vivre ensemble sans craindre ses concitoyens comme l’enseignait Montesquieu ? Ou ressemble-t-elle, au contraire, à cette morale comminatoire que certains politiques voudraient installer pour oublier, ou faire oublier, la réalité contemporaine et ses dérives ?
Notamment les dérives antirépublicaines en travestissant le présent par des références tronquées au passé, en s’appropriant indûment les Victor HUGO, Jean JAURES, Jules FERRY ou Ferdinand BUISSON, et bien d’autres encore ?
Reste bien évidemment à savoir quelle laïcité nous voulons ! Si nous imaginons assez clairement quelle République nous souhaitons retrouver, celle de la prise en compte du citoyen, dans le respect et la dignité de chacun, à sa place dans la société, nous attendons une fermeté sur les principes laïques et républicains.
Des avis divergent sur cette fermeté, mais le Grand Orient de France a depuis longtemps affirmé ses valeurs dans une laïcité qui rassemble et protège tous les individus en parfaite harmonie avec sa devise : Liberté de tous de croire ou ne pas croire, Egalité de tous devant la loi, Egalité de droits et de traitement quels que soient son sexe, ses aspirations philosophiques ou religieuses, Fraternité dans la solidarité