Discours de Nicolas PENIN, Grand Maître du Grand Orient de France prononcé à l’occasion de l’hommage à Samuel Paty rendu le 16 octobre 2024 à 11 heures – Square Samuel Paty à Paris
Samuel Paty avait la passion de la transmission. Il communiquait à ses élèves le goût du savoir, l’esprit d’ouverture et de tolérance, le sens critique. Il faisait son travail, et il le faisait avec le dévouement et l’engagement d’un professeur conscient de sa mission fondamentale.
Mais il était aussi la République, celle qui ne renonce pas, celle qui ne se couche pas, celle qui affirme, qui assume, dans le respect et la Fraternité.
Pour tout cela, Samuel Paty, artisan de l’école publique et laïque, de ses valeurs universelles, de sa promesse d’égalité, a été sauvagement assassiné il y a quatre ans. Lui qui incarnait le meilleur de notre ambition républicaine est tombé sous les coups de l’obscurantisme et du fanatisme islamiste.
Quatre ans après cette tragédie, et un an après une autre, l’assassinat à Arras du professeur Dominique Bernard, la mémoire de ces hommes courageux et dévoués nous importe et nous oblige. Car, sur tout le territoire, de nombreux professeurs et personnels craignent d’enseigner certaines disciplines, d’aborder certains sujets, ou d’exercer leur mission comme il se doit.
La République doit être à leurs côtés. Sans hésiter, sans trembler, sans faillir.
Leurs ombres habitent maintenant nos murs, nos âmes et nos esprits, elles peuvent être celles des ténèbres d’où sort la lumière, l’invincible lumière dont nous sommes les porteurs, et que nous porterons en leur nom.
Le Grand Orient de France réaffirme, ici, que l’École de la République est un de nos biens communs les plus précieux, parce qu’elle est la liberté, la raison, la science, l’émancipation, le progrès, l’humanité en construction. Pour l’émancipation de toutes et de tous, il nous faut réparer la République, tout comme il nous faut restaurer l’Ecole de la République, gratuite, laïque, la seule ouverte à tous, où les valeurs de la République s’expriment, et s’assument.
La Laïcité en est la condition.
Samuel Paty et Dominique Bernard incarnent désormais, pour tant d’hommes et de femmes, cette laïcité. Pour nous, ils ne seront jamais morts pour rien, et c’est en pensant à ce champ d’honneur où ils sont tombés que nous avons à relever les esprits.
Le Grand Orient de France, ses frères et sœurs à travers ses loges, continueront à s’engager pour la République, asseoir nos principes humanistes et consolider la concorde et la paix civile. Nous continuerons ensemble à dénoncer les manquements à la laïcité et les lâchetés qui malheureusement peuvent conduire aux drames que notre pays a connus. Agissons pour construire cette République universelle et fraternelle, la mémoire de Samuel Paty et de Dominique Bernard nous y invite plus que jamais.