Annie SUGIER, présidente de la Ligue du Droit International des Femmes
Je remercie le Grand Orient de France d’avoir choisi de traiter le thème du sport comme enjeu républicain. En effet, la question est d’importance. Pour au moins trois raisons En premier lieu, le sport s’adresse en priorité à la jeunesse :
il s’agit du phénomène culturel le plus populaire au monde. Ainsi, les JO sont regardés par près de 4 milliards de personnes ; la Coupe du monde de foot arrive en deuxième position et suscite un véritable engouement auprès des jeunes. La surmédiatisation de personnalités sportives en fait des influenceurs du comportements des jeunes, de leur habillement, de leur coiffure, des causes à défendre… Or justement ce sont les jeunes que nous voulons toucher car il y a dans la compréhension du sens de
la laïcité une fracture générationnelle comme le montrent de récentes enquêtes d’opinion. En second lieu, parce que le sport a une fonction éducative, par l’apprentissage du respect de la règle commune fondée sur des principes techniques mais aussi éthiques fondamentaux universels, selon les termes de la Charte Olympique.
Cette Charte, qui s’applique à tous les sports olympiques, énumère parmi les principes éthiques la non-discrimination et la neutralité (règle 50.2), interdisant toute démonstration ou propagande politique, religieuse ou raciale dans les lieux olympiques La règle de neutralité – si on a la volonté de l’appliquer strictement- est un outil plus puissant que la laïcité dite « à la française » car elle vise une large palette de convictions, et s’impose aussi bien à l’encadrement qu’aux athlètes, dans un espace public et aux niveaux national et international.
Ce dernier point est important car, si nous limitons notre combat au niveau français, nous allons le perdre.