Propos d’accueil et d’introduction de Claude CHAMPETIER Conseiller de l’Ordre du Grand Orient de France
Mon Très Cher Frère Philippe, Grand Maître du Grand Orient de France, Mes Très Chers Frères Conseillers de l’Ordre, Mes Très Chers Frères, mes Très chères Sœurs, Mesdames, Messieurs, Merci pour votre présence nombreuse à cette conférence commémorative des 140 ans de liberté absolue de conscience au Grand Orient de France. Je voudrais également remercier la Loge Frédéric Desmons-Laïcité du Grand Orient de France pour son concours immédiat et sans réserve suite à notre sollicitation. Il y a donc 140 ans, sous l’influence du Frère Frédéric Desmons, pasteur de son état, le Grand Orient de France supprimait de sa Constitution l’obligation de croire en Dieu et à l’immortalité de l’âme.
La liberté absolue de conscience devient alors un principe fondamental du Grand Orient de France qui l’inscrit pour ainsi dire dans le marbre, c’est-à-dire dans l’article premier de sa Constitution. Désormais les non-croyants peuvent être initiés francs-maçons. La liberté de conscience va constituer ce que l’on appellerait aujourd’hui l’ADN du Grand Orient de France. Mais la liberté de conscience ne peut s’exercer réellement sans sa sœur jumelle, la liberté d’expression. En effet, les États, les religions, ont souvent essayé d’étouffer la liberté de conscience.
Généralement en vain, car, heureusement, la science n’a pas encore réussi à s’infiltrer dans nos pensées. Mais pour combien de temps ? Aussi toutes les coercitions, toutes les menaces, toutes les tortures se sont révélées en bout de course inefficaces pour effacer ce que l’Homme cache au plus profond de luimême. Elles n’ont pu que l’empêcher de s’épanouir, de s’exprimer au grand jour. Il n’en est pas de même pour la liberté d’expression.
3 4 Les régimes totalitaires, les idéologies extrémistes, les religions et leurs dogmes, et même certaines démocraties se sont attachés à limiter ou à tuer toute liberté d’expression. Et dans certains cas ils y sont parvenus. Aujourd’hui encore, des hommes et des femmes meurent à cause de leurs opinions philosophiques, religieuses ou politiques, à cause de leurs orientations sexuelles, à cause de leur façon de vivre, à cause de leur appartenance à une ethnie, ou encore parce qu’elles sont des femmes qui refusent de se soumettre à des dictats d’un autre temps. C’est pourquoi le Grand Orient de France a de tout temps lutté pour permettre la liberté de conscience et défendre la liberté d’expression.
Ce combat s’est notamment matérialisé par la construction, puis la promotion, et enfin la défense de la Laïcité, ce principe d’organisation de la société qui s’est affirmé dans notre pays depuis la IIIe République. C’est ce que vont nous présenter nos deux conférenciers de ce soir. Le premier, Alain Rajot est professeur enseignant l’histoire et la géographie à Sceaux, à la cité scolaire Marie Curie et à la faculté de droit Jean Monnet. Il est spécialisé dans l’histoire contemporaine et membre de la Loge Frédéric Desmons-Laïcité du Grand Orient de France. Il nous présentera Frédéric Desmons et son cheminement dans un triple contexte protestant, politique et maçonnique. Le deuxième intervenant, Georges Serignac, est le 1er Grand Maître Adjoint du Grand Orient de France. Dans un balayage allant de 1877 à nos jours il nous parlera de la construction de la Laïcité républicaine française, puis de la liberté de conscience comme principe philosophique. Enfin, il évoquera la problématique actuelle sur la laïcité et la liberté de conscience